Les Aventures d’Alice et Nestor

Publié dans Voyage en Noëlie n°7 – décembre 2016

C‘est un village dans les Vosges. Un village qui n’est ni grand, ni petit. Un village moyen avec des grandes maisons, des maison moyennes, des maisons petites, des maisons minuscules. Tout autour, il y a beaucoup de sapins qui ne sont pas décorés. Dans une des maisons ni grande ni petite vit une famille avec une petite fille Alice et son frère Nestor.

Ce jour-là, ils sont partis dans la forêt sans la permission de leurs parents. Alice a une jupe rose et un T-shirt violet, Nestor un short bleu et un T-shirt vert. Ils marchent dans une partie de la forêt où ils n’ont jamais été et arrivent devant un arbre très grand, très beau. Ils entendent une voix qui descend du sommet de l’arbre : « Bonjour, les enfants ! Est-ce que vous accepteriez de me protéger ? » Ils lèvent la tête et distinguent au-dessus d’eux un perroquet jaune, rose et bleu assis sur son nid. « Te protéger, pourquoi ? » « Depuis plusieurs jours, une panthère verte à pois noirs tourne autour de cet arbre et je ne peux plus aller à terre pour me nourrir. J’ai très peur. » Alice et Nestor acceptent et ils rentrent chez eux avec le perroquet qui volète près d’eux tout en leur racontant des histoires. Dans la maison des parents, il y a des plantes et un sapin moyen tout décoré, sauf en haut : les parents n’ont pas encore trouvé comment ils allaient terminer. Quand ils voient le perroquet, ils l’installent en haut du sapin et lui font un nid avec un peu de paille.

De son côté, la panthère s’ennuyait de ne plus voir le perroquet. C’était une panthère très gentille qui voulait en faire son ami. Elle alla au village pour le retrouver. Quand les enfants la virent, ils eurent peur pour le perroquet et lui construisirent un enclos dans le jardin. Chaque jour, on lui faisait un repas avec du staeck haché et de la purée et on lui donnait à boire de l’eau avec du sirop de cassis. Dans son enclos, il y avait de la paille pour dormir et trois bols : un pour le staeck, un pour la purée, un pour le sirop de cassis. Le perroquet s’habituant à voir la panthère dans son enclos vint lui demander pourquoi elle tournait autour de son arbre. « C’est parce que je ne connaissais personne dans la forêt et que je voulais quelqu’un avec qui parler, raconter des histoires, m’amuser, faire des plaisanteries. »

Un autre jour, avec la permission des parents, ils partirent tous les quatre à la recherche de Cacaotès, le grand ami de Perroquet. Ils le trouvèrent dans un arbre pas très beau, un peu maigrichon qui n’avait plus beaucoup de feuilles. Cacaotès était tout blanc et sur le sommet de sa tête, il y avait une crête toute rouge. Au village, les parents ne voulurent pas de Cacaotès chez eux et il alla dormir où il voulait. Chaque jour, ils jouaient à « chat » tous les quatre. Quand la panthère attrapait l’un des enfants, elle rentrait ses griffes. Perroquet et Cacaotès jouaient à « chat perché » tellement haut qu’il était impossible de les attraper. C’était de la triche.

Les enfants retournèrent dans la forêt avec Perroquet et allèrent très loin, au cœur de la forêt, jusqu’à une maison qu’ils n’avaient jamais vu. Une maison toute sale, pleine de boue, dégoûtante, qui sentait mauvais. C’était la maison d’un ogre qui ne faisait jamais le ménage. « Miam, miam ! Dit-il en voyant Alice et Nestor. Des enfants bien dodus comme je n’en ai jamais mangé. Miam ! ». Il sortit de chez lui en criant : « Je suis l’ogre Grosdubidon. Je vais vous manger. J’aurai un repas de roi. » « Au secours, au secours ! Un ogre veut nous manger. »

Perroquet vola très vite au village pour prévenir les hommes parce qu’ils ont l’habitude de se battre et les garçons parce qu’ils chargent vite, vite et courent vite, vite. Pas les femmes parce qu’elle ne vont pas assez vite. Les hommes coururent. Les garçons coururent, chargèrent vite, vite sans s’essouffler. Comprenant que ses amis étaient en danger, Panthère sauta par-dessus l’enclos, sauta par dessus le mur, par dessus les cailloux, par dessus la rivière, dépassa les hommes, dépassa les garçons. Cacaotès volait devant elle et la guidait. Elle arriva devant la maison dégoûtante au cœur de la forêt, monta sur le toit. Avec un balai, elle nettoya un coin, enleva des bardeaux et sauta dans la maison au moment où l’ogre, trouvant le four assez chaud, allait enfourner Alice et Nestor.

Elle prit l’ogre par les pieds qui tomba en faisant une belle chute. Il fut assommé. Panthère éteignit le four, mit les enfants sur son dos et courut à grandes foulées jusqu’à la maison. Les hommes et les garçons la virent passer et surent que les enfants étaient sauvés. Ils continuèrent leur chemin et trouvèrent l’ogre assommé. Ils avaient eu si peur pour les enfants et ils étaient si en colère qu’ils tapèrent sur lui, les hommes avec leurs bâtons et les garçons avec leur sabre de bois, puis ils le remmenèrent au village. Pour sa punition, il fut décidé que l’ogre ferait le ménage dans toutes les maisons du village, qu’il cuisinerait les repas du soir et qu’il serait nourri de petits pois aux carottes. Et la vie continua.

La maison au fond de la forêt n’est pas restée vide. La femme de l’ogre s’était cachée dans un placard. Elle est aussi répugnante que son mari. On l’appelle Grossetignasse. Elle est très moche, ressemble à un monsieur et a des habits comme de la boue. Elle s’occupe des cochons, des vaches, des poules, ne se lave jamais et ne lave jamais ses habits.

Un autre jour, avec la permission des parents, Cécile et Nestor sont allés en ballade avec Cacaotès. Ils ont traversé la forêt, sont allés au-delà des Vosges jusqu’à son village d’Afrique. Derrière le village, ils ont vu un petit chemin et, au loin, une grosse boule jaune. En approchant ils ont découvert un lion assis devant une grande montagne noire. Un lion tout jaune avec une crinière orange et rouge. Le lion expliqua que derrière la montagne noire que l’on appelle la « Montagne des méchants », il y avait un village dégoûtant avec des gens très méchants et que personne ne devait y aller. C’était trop dangereux. Lui, il était chargé de garder le chemin. « Est-ce qu’il fait chaud chez vous ? », demanda-t-il aux enfants. « Oui, un peu. » « Est-ce que je peux venir avec vous. Je m’ennuie. Je ne vois personne. Vous êtes les premiers que je vois depuis très longtemps. » Ils partirent par un autre chemin qui passait par la forêt.

Le lion connaissait l’existence de Grossetignasse. Quand Grossetignasse voit le lion arriver avec les enfants, elle sait qu’il y a là un très bon repas pour elle. Il y aura le lion comme plat principal et les enfants en dessert. Elle a toujours rêvé de manger du lion. Elle sait par les habitants du village de la Montagne des méchants qu’il est très gentil et pas très fort. C’est une plaisanterie. Les méchants de la montagne sont de faux méchants qui se déguisent pour faire des blagues. Elle sort de chez elle par une petite porte et, à pas de loup, gagne un arbre pour s’y cacher. Comme elle est moins forte que Grodubidon, elle a pris un couteau. Le lion a des yeux jaunes qui voient très loin dans la nuit et qui voit très loin dans le jour. Voyant que Grossetignasse le guette, il se gratte la tête, sort ses griffes, réfléchit : il est plus malin que Grossetignasse qui ne l’est pas beaucoup. Il se cache derrière un gros arbre non loin de la femme de l’ogre. Pour approcher les enfants et les surprendre, elle court d’arbre en arbre. Le lion saute de branche en branche et d’arbre en arbre toujours sur ceux où Grossetignasse se cache avant de repartir vers un autre arbre. Grossetignasse est tout prêt maintenant. Elle va bondir. Le lion ouvre ses griffes et saute sur l’ogresse qui se transforme en punaise rayée rouge et jaune.

Alors les habitants du village de la Montagne des méchants devinrent grands, beaux et souriants. Grossetignasse était une sorcière qui leur avait jeté un sort. La Montagne des méchants devint la Montagne d’or car sous le soleil, elle était jaune et brillante.