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Tzermiado, chef-lieu du Lassithiou
Arrivés sur le plateau, nous sommes conquis par un site dont la configuration est nouvelle pour nous. Un vaste enclos plat au centre de montagnes qui le cernent. Un paysage à mesure humaine que l’on peut embrasser d’un seul regard. Il s’en dégage une impression de paix et nous sommes fort loin d’imaginer les vicissitudes et les violences subies durant plusieurs siècles.
Nous nous dirigeons vers Tzermiado, bourg de 637 habitants situé sur les pentes du mont Séléna (1559m), première étape sur l’Oropedio, route circulaire au pied des montagnes qui traverse des villages successifs et laisse le reste du plateau aux cultures. Ces dix-neuf bourgs, villages et hameaux sont installés sur les premières pentes du pourtour montagneux afin d’éviter les risques d’inondation. En 1967, ils comptaient entre cent habitants pour les plus petits et treize-cents pour les deux plus gros, pour un total qui avoisinait 6500 habitants. En 2001, ce chiffre était passé à 3067 habitants et le recensement de 2011 n’en comptait plus que 2387. Ils sont désormais regroupés en une seule commune, le « Démos Oropediou Lassithiou, dont Tzermiado est le chef-lieu.
Il fut un temps, jusque dans les années 1960 où Tzermiado, bourg prospère, possédait collège, gendarmerie, fabrique de boissons gazeuses, études d’avocats et de notaires. Symbole du renouveau de l’élevage qui avait, quasiment disparu dans les années 1950, une coopérative laitière et fromagère existe depuis 1962. Ce renouveau a commencé lorsque des éleveurs ont croisé des races locales de moutons avec d’autres à la production de lait plus abondante. La coopérative produit des fromages –kephalotyri, graviera (sorte de gruyère), mizithra aigre-doux– et des yaourts de brebis. Le bourg, qui date du 15ème siècle –période où les Vénitiens installèrent des colons sur le plateau– garde de beaux restes de son opulence ancienne avec d’agréables façades de style vénitien qui affichent l’air alangui des bourgeoises déclassées. Surtout présentes dans la rue principale, elles laissent souvent la place à des maisons plus récentes qui se veulent classiques et s’effacent dans les rues adjacentes pour des maisons qui sont restées fidèles au rural traditionnel.
Tzermiado, sur les pentes du mont Séléna ? C’est bien vrai, on en a fait l’expérience lorsqu’en voulant quitter ce bourg, nous nous sommes retrouvés sur une route de montagne étroite et très pentue. Mais cela, c’est plus tard. Pour l’heure, nous découvrons les boutiques où sont vendus produits locaux et non locaux. Ici, les femmes brodent, tissent, macramètent. Nous entrons dans un magasin et, tout de suite, Daniel est attiré par une nappe blanche brodée de fleurs bleues stylisées. Broderie à la machine, mais non industrielle. Donc Daniel veut acheter cette nappe, mais elle est trop grande pour notre table ronde. Il y a un problème ? No problem ! Une dame qui était à l’arrière-plan arrive avec un mètre ruban et des ciseaux. « Vous voulez cette nappe ? Je vous en fais deux aux dimensions de votre choix. » Et cela dit en baragouin anglais auquel je ne comprends goutte alors que D. semble parfaitement à l’aise. La dame coupe, sort avec les deux morceaux, traverse la rue et nous laisse seuls à garder la boutique. Elle revient au bout d’un moment, coutures faites.
Petit détour par des chèvres mythiques
Et maintenant où aller, où diriger nos pas pour nous restaurer ? Il y a bien ce café-taverne dont l’enseigne annonce : « KRI KRI cuisine traditionnelle » , mais il présente une salle immense et déserte avec un patron à l’air désespéré en haut des marches qui y conduisent. Que la salle soit déserte à cette heure-ci, c’est normal, mais nous ne le savons pas encore. Et « Kri-kri » qu’est-ce que c’est ? Nous apprendrons plus tard qu’il s’agit de chèvres sauvages dont le nom courant est « agrimi » et le nom scientifique « capra aegragus ». Elles sont d’origine typiquement asiatique Le terme « Kri-kri » s’applique au mâle dont le pelage brun clair sert de fond à une bande très foncée qui s’étale sur toute l’épine dorsale et continue autour du cou, comme une écharpe. La tête s’orne de deux cornes courbes qui se terminent sur une forme de flèche. La compagne du Kri-kri est la « sanada ». Cette variété de chèvres –récemment domestiquées à l’époque– a été introduite sur l’île entre 8000 et 7500 av. J.C. Entre 1500 et 1000, elles se sont échappées de leurs lieux d’élevage et ont faussé compagnie aux humains pour retrouver la liberté sans entrave de leurs ancêtres. J’imagine un instant ces bestiaux nouvellement arrivés faisant ami-ami avec les hippopotames, éléphants, cerfs, sangliers, tous nains et tous indigènes.
Arrivée à cette partie de mon exposé, je me suis demandée comment ces chèvres avaient pu échapper ainsi à la garde de leurs propriétaires. Entre 1450 et 1000 se situent deux événements majeurs qui vont faire entrer la Crète dans le giron de la Grèce continentale et l’inclure dans sa sphère d’influence, comme le prouve l’introduction de l’île dans les récits fondateurs de la mythologie hellénique. Fragilisée par des conflits internes, et peut-être des séismes (épisodes déstabilisant par définition), la société minoenne ne peut faire face à des invasions successives d’Achéens (alias Mycéniens) venus du Péloponnèse. À cette première vague d’envahisseurs succède celle des Doriens. De tels bouleversements, destructions, pertes humaines ont certainement laissé toute latitude aux agrimis pour reprendre le cours, un temps interrompu, de leur existence sauvage.
Jusqu’aux débuts du vingtième siècle, elles sont tellement communes qu’elles font partie du paysage et, comme telles, sont souvent représentés (graffitis sur les pentes du Psiloritis, dans les gorges de Samaria). Nous en verrons un magnifique exemple avec un bas relief en bronze (300 ap. J.-C.) au musée de Kissamos. Certains auteurs avancent que la chèvre Amalthée qui fut nourrice du bébé Zeus était une chèvre agrimi et que les Kri-kri lui doivent leur popularité ainsi qu’une place comme objet de culte et comme emblème national.
Ces chèvres qui étaient autrefois présentes sur l’ensemble de l’île ont été tellement chassées pour la succulence de leur chair qu’elles ont été progressivement décimées. Il n’y a sans doute pas eu seulement l’attrait de la bonne viande dans cette chasse inconsidérée. En effet, lors de la seconde guerre mondiale, elles furent, sans doute, une des seules viandes disponibles pour les maquisards tapis dans les recoins des reliefs. Quoiqu’il en soit, en grand danger d’être exterminées, elles se sont réfugiées dans un coin reculé et, devenues timides et peureuses, ne se laissent que difficilement voir ou approcher. Elles ont été déclarées race en voie de disparition et sont désormais protégées dans un Parc national à l’intérieur duquel toute chasse est interdite. D’après notre informateur, cela n’empêche pas sa présence sur les menus de certains dîners huppés d’Athènes avec la complicité de braconniers grassement payés. Comme les moutons montagnards, la chair de ces animaux est naturellement parfumée par toutes les plantes aromatiques qu’elles avalent.
Deuxième repas crétois
En attendant nos plats, nous faisons connaissance avec les « meze » : sur un plat, sont présentés des morceaux de concombres, de tomates, des fèves fraîches, des olives vertes marinées, des olives noires sèches.. Nous mangeons très bien dans cet endroit agréable, observant la ronde des camionnettes à ridelles chargées de sacs de pommes de terre en filet ou d’oranges dont nous déduisons que la récolte bat son plein pour ces deux productions.
À la fin du repas, nous découvrons le rituel de l’addition : avec la note arrive un plat de fruits (melon d’eau, melon, raisin, pastèques) accompagné d’un bol de yaourt crétois, d’un flacon de tsikoudia et de petits verres. Manger des fruits frais en l’accompagnant de ce yaourt est un régal que nous avions découvert au petit-déjeuner de notre auberge. La qualité gustative des fruits y est pour beaucoup. Je n’avais jamais beaucoup apprécié, jusque là, le goût flotteux de la pastèque. Il faut dire que je n’en avais jamais mangé d’aussi goûteuse et riche en arômes. Voilà un dessert que l’on sert, loin du désert des aliments bien calibrés.
Géographie
Il est temps de repartir. Nous faisons tranquillement le tour du plateau qui fait 7km de long et 5km de large. De ses 2148m de haut, la masse imposante du Mont Dikti projette son ombre sur les monts accroupis au long de ses flancs. Pour nous, l’aspect remarquable de l’endroit provient du fait qu’il est clos par ces croupes de montagnes qui s’adossent à des montagnes plus hautes, qui forment la chaîne du Dikti. La diktame, plante miracle et panacée de l’île, en serait originaire. Elle fait partie de ces plantes particulières à chacun des trois massifs de plus de 2000m dont les souches, datées de l’ère tertiaire, ont survécu aux glaciations successives. De ce fait, elles sont nettement différentes des plantes de même espèce que l’on trouve sur les continents voisins.
La domination du Mont Dikti est à la fois une bénédiction et une malédiction pour le plateau. En effet, les torrents tumultueux qui dévalent ses pentes au moment de la fonte des neiges a, par le passé, transformé le plateau en marécage, chaque fois qu’il a été abandonné par les humains. La quantité d’eau apportée en très peu de temps, en fin de période humide, s’accumule très vite car elle excède les capacités d’évacuation naturelle des réseaux karstiques qui constituent une partie du sous-sol. Il est donc nécessaire de drainer le sol durant cette période, puis de trouver ensuite de l’eau pour arroser les cultures et donner à boire aux animaux lorsqu’arrive la période de grosse chaleur, d’où l’établissement de puits dans chaque bloc de cultures pour atteindre la nappe phréatique. Les drainages sont aussi anciens que l’exploitation agricole du plateau et il existe encore des traces des réseaux les plus anciens. Les ingénieurs vénitiens ont modernisé le système en instaurant un quadrillage de canaux qui servit également à l’élaboration du système foncier. Ils l’ont complété par un système d’éoliennes qui haussaient l’eau hors des puits lorsque nécessaire.
À la fin du dix-neuvième siècle, un Monsieur Papadakis, menuisier à Psykhro, eut l’idée d’imiter les moulins fariniers qu’il voyait depuis chez lui. Ces moulins installés en hauteur, dans les années 1800, dans un col à l’entrée Nord du plateau, bénéficiaient du courant alternatif de deux vents contraires ce qui était pour les meuniers la garantie d’un fonctionnement optimal de leurs meules. Monsieur Papadakis associa le mécanisme du moulin farinier ((roue et axe vertical) à la pompe d’aspiration classique. Il créa ainsi des éoliennes au large piétement métallique portant des ailes de moulin à vent à structure également métallique. Durant la période de cultures, on couvrait de toile les ailes de ces moulins à eau et on les retirait à l’automne. Ce système fonctionna jusqu’aux années 1950. Les quelques dix mille moulins furent alors remplacés progressivement par des pompes motorisées japonaises. Les moulins hydrauliques atteignaient la première nappe phréatique (8 à 10 mètre) alors que les pompes vont sur la deuxième nappe à 14-16m de profondeur. En 1967, on dénombrait huit mille moulins à vent et pompes à moteur. Il y a peu, un ingénieur mécanicien a proposé de leur redonner vie en perçant des trous minuscules dans les voiles afin que les ailes puissent tourner par vents faibles ; trous qui s’agrandissent sous la pression d’un vent fort et ainsi réduisent la prise au vent de la voilure. Il reste 24 moulins fariniers sur les 26 d’origine. J’en ai vu certains depuis la voiture et j’ai plaqué sur eux un paysage français en les prenant pour les tours en ruine d’une ancienne fortification.
Un peu d’histoire
Maintenant, revenons à ces Vénitiens si habiles à rendre le plateau cultivable. En réalité, ils ne firent que réparer les conséquences marécageuses de leur politique et ils le firent en y mettant des ingénieurs qui avaient un haut niveau technique. En 1263, lassés par le caractère indomptable des occupants du lieu et leur tendance à la révolte chronique, les Vénitiens déportèrent hors de la montagne l’ensemble des habitants et les installèrent ailleurs. Punition suprême, ils arrachèrent toutes les cultures et arbres vivriers. En 1343, ils déclarèrent le plateau zone interdite. Faute de curage de la rivière qui coule sur toute sa longueur et de pompage de l’excédent hivernal des eaux, un marécage se reforma très vite. Cette rivière suit son cours en pente douce jusqu’au gouffre Honos qui l’absorbe et la fait ressortir en contrebas sous la forme d’une résurgence donnant naissance à la rivière Aposelemis. Au printemps, le gouffre Honos n’a pas une capacité d’absorption suffisante pour avaler toute l’eau qui converge vers lui et la zone où il se trouve est rapidement inondée. S’il n’y a donc pas d’irrigation suffisante et de curage de la rivière, l’eau reflue vers l’autre extrémité de la cuvette et stagne.
En 1463, pour des raisons d’approvisionnement insuffisant, le plateau fut remis en culture. En 1543, des colons vénitiens qui avaient fui le Péloponnèse devenu possession ottomane y furent installés. Pour cela, les lits des torrents furent fixés et un quadrillage de fossés évacua l’eau de l’hiver empêchant le retour d’une eau stagnante. La culture des céréales fut privilégiée.
Aujourd’hui, la restructuration foncière en parcelles plus grandes et moins morcelées, l’implantation de stations de pompage qui répartissent mieux l’eau, la création d’un lac collinaire afin d’avoir de l’eau sous pression avec réglage automatique ont amélioré les rendements jusqu’à pouvoir donner deux récoltes par an pour certaines plantations. Sont produits, des melons, pastèques, pommes, poires, cerises, agrumes, amandes, pommes de terre, raisins… Cette production contribue à satisfaire une grande partie des besoins alimentaires de l’île. De plus, elle exporte des produits de la vigne (dont les raisins secs). Il fut un temps où le noyer avait une grande importance pour l’alimentation lassithienne, tant que l’économie locale fonctionna en circuit fermé d’autosuffisance. Cultivées sur les premiers étages de terrasse, les noix fournissaient l’huile nécessaire pour les lampes, en place de celle des olives qui n’auraient pu survivre à cette altitude.
Quelques impressions personnelles
Une grande partie de ce qui précède, je n’en aurai connaissance que plus tard, même si je savais déjà pas mal de choses par nos conversations, nos observations et la documentation fournie par l’agence. Pour l’heure, nous sommes en voiture et nous dégustons ce paysage à la fois riche et paisible. Sur notre parcours, nous retrouvons quelques éoliennes classiques, comme chez nous, et quelques uns de ces moulins à vent dont la profusion firent autrefois la célébrité esthétique de l’endroit. Dans les jours qui suivent, nous saurons que cette balade fut une excellente initiation à certaines caractéristiques des paysages du pays. Nous avons tout de suite été sensible à ce qui diffère de la Corse qui a des montagnes plus déchiquetées, un relief plus tourmenté. Il n’y a pas, là-bas, ces plateaux de moyenne altitude cernés et protégés par un double étage de montagnes. C’est certainement ce qui fonde la richesse agricole de la Crète et son auto suffisance alimentaire. Je pense également qu’au niveau culturel, cela a permis que nombre de particularités millénaires perdurent sous des formes qui sont propres aux Crétois parce que, lorsque la côte devenait trop dangereuse, il était possible de créer des villes en hauteur. Cela est impossible en Corse à cause de l’absence de grandes surfaces assez planes pour que puisse exister une certaine densité urbaine en dehors de la côte.
Quelques éléments du programme que nous avons zappés :
Des routes assez tortueuses qui promettaient des panoramas de toute beauté (interdiction de remettre sous pression une cocotte minute en puissance) ; la grotte néolithique de Trapeza, proche de Tzermiado ; le monastère de Kroustallenia datant du Xème siècle mais gâché par des restaurations hasardeuses (dixit les guides) : il a servi de refuge aux rebelles lors de l’invasion du plateau par les Vénitiens, a été pillé et dégradé maintes fois par les troupes ottomanes ; la grotte de Dikti (ou de Psychro) où la mère de Zeus se serait cachée (« accès assez difficile, 350m de montée, souvent glissant et rocheux »). Le mobilier qui y fut trouvé atteste une fréquentation importante entre le minoen moyen et la fin du minoen récent avec abandon lors de l’arrivée des Mycéniens. Ce sanctuaire connut une nouvelle vogue à l’époque créto-romaine et la déesse minoenne qui y avait été célébrée fut transformée en Zeus dikteon. Il eut ainsi la gloire de se revendiquer comme lieu de naissance de ce dieu. Sur la route du retour, nous aurions pu nous arrêter et nous attarder au village de Krasi dont l’histoire est ancienne et qui abrite un platane de 14,60m de circonférence.
Il était une fois
Avant de quitter cet attachant plateau, vous reprendrez bien un dernier zeste historique. Il était une fois un jeune garçon de Psykhro qui fut enlevé à son village, sa famille, ses parents. Arrivé à la cour d’Égypte qui était suzerain de la Crète, son caractère agréable, sa grande intelligence le firent remarquer : il fut choyé, apprécié, éduqué au point de parvenir au rang de Pacha, titre décerné aux dignitaires et hauts-fonctionnaires. Vinrent de violentes insurrections crétoises entre 1866 et 1869. Ismaïl Férik Pacha, fort apprécié pour ses talents militaires et stratégiques fut missionné pour réduire celles qui, à Lassithi, mettaient en échec l’autorité ottomane. Il y parvint de façon sanglante. Peut-on imaginer, cet homme, ce pacha couvert d’honneurs et de décorations qui, au terme d’une lutte acharnée contre des rebelles, parvient à un village dont, dans un éclair qui jaillit des tréfonds de sa mémoire, il reconnaît la configuration. L’image d’un gamin, d’un bambin qui joue devant une maison, échappe à la surveillance de sa mère pour courir dans les ruelles. Un gamin, un double, le fantôme improbable de ce qu’il fut un jour. Le choc ! Est-ce ce qui causa sa mort, peu de temps après l’achèvement victorieux de sa mission ?
Au retour, nous prenons la route qui suit l’Aposélémis. Dans un premier temps, nous surplombons le barrage qui a été construit pour fournir en eau potable les agglomérations côtières. De virages en virages, nous atteignons cet ouvrage qui est situé dans une gorge dont il emplit la largeur. Ce barrage a été l’objet de nombreuses polémiques car il a englouti un village et parce qu’il a nécessité de très coûteux équipements pour l’épuration de l’eau afin de la rendre potable. En effet, la rivière, comme je l’ai dit plus haut, est alimentée par les eaux du Lassithi lesquelles contiennent des résidus de produits phytosanitaires, conséquences d’une agriculture intensive.