Fatalitas

« Fatalitas », s’écrie Chéri Bibi, héros d’une série de romans de Gaston Leroux, à chacun de ses échecs et de ses tentatives pour se venger, tel le Comte de Monte-Christo, de ceux qui l’ont privé de ses biens, de ses titres de noblesse, de son bonheur et de son grand amour. « Fatalitas », cette fatalité, il l’a créée de toute pièce par son obsession de vengeance et de reconquête de ce qu’il avait perdu. Dans ce qui était une fuite éperdue hors du réel, par croyance que le mal subit pouvait être effacé d’un coup de dague et le bonheur perdu retrouvé tel quel, il a perdu son âme et la noblesse de ses valeurs qui lui avait valu le coeur de sa belle. Lui qui était noble et généreux a dégringolé sur la pente du criminel endurci, aveuglé par son obsession. « Fatalitas », ceux qui privilégient en eux le statut de victime, cultivent le manque de ce qu’ils n’ont pas eu au détriment de ce qu’ils ont eu ; ceux qui cultivent la mort de leurs espérances au détriment des surprises que la vie peut encore leur réserver… ceux-là peuvent en arriver à un obsessionnel de toute puissance qui les amènera à se croire légitimes lorsqu’ils entament une tâche de destruction d’un autre quel qu’il soit ou d’un membre de leur famille. Souvent l’obssession de vengeance se place sur la tête d’un membre de la famille qui sera chargé de la réaliser. Par exemple, une femme dont la vie a été brisée peut mettre son fils sous emprise en le parentifiant. Malheur à lui, s’il tente d’échapper à cette emprise et malheur à elle si son chantage affectif l’étouffe. « Fatalitas » ! À la violence de l’une répondra la violence de l’autre. Fatalitas ! La tragédie grecque continue à ravager des familles inordinaires.